Qui a découvert l’hypnose ?
Les premières traces de pratiques hypnotiques de soin par la parole datent de plus de 6000 ans. À cette époque, les premiers hypnotiseurs étaient des chamans, les druides et les sorciers. Ils pratiquaient la « magie des mots ». Craints ou vénérés, et dotés d’une autorité particulière au sein la communauté, leur fonction était de créer le lien entre le visible et l’invisible, le monde matériel et le surnaturel. L’un de leurs rôles étaient de comprendre les volontés des dieux afin de s’en assurer la protection. Ainsi, ils pratiquaient des rituels pour négocier avec les divinités. Ils participaient à des processus de guérison. Ils consultaient les oracles pour connaître le futur et donner du sens aux défis de leur environnement afin d’orienter les décisions et la vie du groupe. Ainsi, par exemple, une mauvaise récolte pouvait être expliquée par des Dieux en colère. Alors, dans leur vision du monde, une offrande suggérée par le chaman permettait de rétablir l’harmonie avec les Dieux et d’apaiser les tensions naissantes dans le collectif. Dans un monde chaotique, leur parole orientait les actions de la communauté et apaisait les angoisses existentielles. Ainsi, déjà, par l’usage des mots et des symboles, le chaman hypnotiseur créait des réalités apaisantes permettant de guérir, de se développer et donner du sens à l’existence.
Nous verrons que la compréhension de l’état hypnotique a bien évolué et que les applications de l’hypnose sont multiples notamment dans un contexte médicale ou thérapeutique.
Comment s’appelle la personne qui pratique l’hypnose ?
Il existe 4 grands types d’hypnose : l’auto-hypnose qui est pratiquée pour soi, l’hypnose classique qui est la plus ancienne, directive et utilisant des suggestions directes, l’hypnose ericksonienne qui a donné naissance à la nouvelle hypnose, plus permissive et indirecte, et qui a une vocation médicale pour les personnels soignants puis thérapeutique, et enfin l’hypnose conversationnelle (ou communication hypnotique) qui est un art de la suggestion et qui peut être pratiquée dans un contexte plus informel avec ou sans transe hypnotique.
Selon les contextes, selon sa formation et le type d’hypnose, la personne qui pratique l’hypnose peut être appelée : hypnotiseur, praticien en hypnose, hypnothérapeute, ou en encore accompagnant ou communicant hypnotique. Cela signifie qu’elle utilise différentes disciplines de l’hypnose.
La puissance de l’hypnose
Les résultats obtenus par l’hypnose paraissent souvent incroyables car les symptômes peuvent parfois s’atténuer rapidement. Dans un contexte thérapeutique, alliée à une approche de thérapie brève, cette communication avec l’inconscient du client facilite le traitement rapide d’un grand nombre de problématiques. Aussi, l’hypnose se révèle particulièrement efficace pour le traitement de troubles d’origine psychosomatiques ou encore d’addiction. Aussi, les résultats sont particulièrement efficaces pour l’arrêt du tabac, la confiance en soi, la gestion du stress, les insomnies, les douleurs, les états dépressifs ou encore la perte de poids.
Retenons que l’Hypnose :
- Privilégie le fonctionnement de l’inconscient par rapport au conscient,
- Favorise des transformations physiologiques ou émotionnelles,
- Est une expérience très personnelle,
- Agit comme un amplificateur,
- Permet de mettre en place de nouveaux savoirs en lien avec son réservoir de sagesse,
- Est une méthode orientée solution tant dans un cadre thérapeutique ou d’accompagnement,
- Est un processus inductif permettant d’atteindre cet état modifié de conscience où l’esprit critique est mis de côté, et le changement facilité.
Est-ce que l’hypnose est réelle ?
Souvent, notamment dans un contexte de spectacle, l’état hypnotique peut paraître tellement impressionnant que l’on a du mal à imaginer que cela soit réel. Pourtant, nous vivons plusieurs fois par jour l’état hypnotique (rêverie, activités réalisées en automatique, en regardant un film…). C’est la manifestation de l’état hypnotique et des phénomènes hypnotiques qui varie selon les individus. Peut-être ressentirez-vous une légèreté, ou une lourdeur, une sensation d’apaisement ou de perte de la notion du temps, ou encore une amnésie… De plus, la profondeur de cet état peut varier selon les techniques utilisées par le praticien en hypnose. Nous avons l’habitude de répondre aux questionnements sur l’hypnose dans nos conférences et cabinets publics.
Hypnose et études scientifiques
De nombreuses études de neuroscience ont été menées pour tenter de comprendre plus précisément le fonctionnement du cerveau sous Hypnose.
Ces études utilisent principalement deux procédés :
– L’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) : Cette technique consiste à mesurer le taux d’oxygénation du sang dans le cerveau. À partir de la connaissance des zones irriguées, il est possible de tracer l’activité des aires du cerveau.
– La Tomographie par émission de positron (TEP) : Cette technique utilise un marqueur radioactif dans le sang. Il est alors possible de suivre l’afflux sanguin dans le cerveau et en déduire les zones du cerveau activées.
Les régions cérébrales activées sous effet de l’hypnose sont classées en trois grandes familles :
– Les régions impliquées dans les processus attentionnels : Ces zones permettent de sélectionner les informations pertinentes de l’environnement et favorisent l’état de « repos » : le précuneus et le cortex cingulaire antérieur.
– Les régions sensorielles qui s’occupent de traiter les informations comme les sons, les images, les odeurs. Ces zones sont activées par le biais des inductions de l’hypnothérapeute. Il s’agit du lobe occipital et du lobe temporal.
– Les régions exécutives : Elles correspondent aux zones qui exécutent nos mouvements et nous permettent de réaliser des comportements. Il s’agit essentiellement du cortex moteur situé dans le lobe frontal. Par ailleurs, le précuneus qui fait partie du lobe pariétal est une zone qui traite des informations et des comportements hautement intégrés. Par ailleurs, il semble que cela soit une zone associative importante au vue de l’ensemble des connexions qui jouent un rôle dans la conscience de soi et de la mémoire épisodique.
Dans les IRM, les régions systématiquement activées durant l’expérience hypnotique sont les suivantes:
– La jonction temporo-pariétale : Cette zone estassociée à la création d’images mentales, à la mémoire autobiographique et aux représentations de soi.
– Le cortex prémoteur : Cette zone est impliquée dans la planification des mouvements.
– Le cortex frontal inférieur droit : Cette zone est associée au contrôle volontaire des tâches.
Quel est le principe de l’hypnose ?
Selon Léon Chertok, qui est un psychiatre ayant contribué au renouveau de la discipline de l’hypnose en France, « l’état hypnotique est un état de conscience modifié à la faveur duquel le praticien peut provoquer des distorsions au niveau de la volition, de la mémoire et de certaines perceptions sensorielles »
Selon Daniel Araoz, qui est à l’origine du courant de Nouvelle Hypnose, « C’est un état dans lequel les facettes mentales critiques sont temporairement suspendues, et où la personne utilise principalement l’imagination ou les processus de pensées primaires. Le niveau d’hypnose ou sa profondeur, dépend du degré d’implication imaginaire »
L’hypnose peut être envisagée à la manière d’Erickson, c’est-à-dire comme une relation vivante entre deux individus. Selon Milton Erickson, « L’hypnose, c’est une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne ».
Il est communément admis que l’Hypnose est un État Modifié de Conscience (EMC) dans lequel le sujet découvre une perception élargie de ses potentiels, de ses ressources et de ses capacités. Cet état hypnotique est caractérisé par des signes spécifiques tels que la distorsion du temps et de l’espace, l’amnésie, l’altération des perceptions physiques… L’état hypnotique permet de communiquer facilement avec l’inconscient et de produire des changements de perceptions, d’états émotionnels et de comportements par le biais de suggestions. Ainsi, l’accompagnement hypnotique est une approche orientée solution. En effet, on s’intéresse plus au « comment ? » permettant de favoriser le mieux-être dans le présent du sujet qu’au « pourquoi ? » qui serait plus proche de la psychanalyse proposant une explication, une recherche de sens aux problématiques du patient.
Les origines de l’état d’hypnose ont toujours fasciné. Au cours de son histoire, l’hypnose a beaucoup évolué en donnant naissance à différents types de pratique. Parcourons ensemble cette histoire incroyable et observons comment la posture de l’accompagnant hypnotique s’est affinée au cours des siècles.
Historique de l’hypnose
Hypnose et magnétisme
La première révolution hypnotique moderne a lieu avec les apports du pionnier Franz Anton Mesmer (1734-1815). En 1766, avec les moyens d’analyse de l’époque, il tente d’aborder l’état hypnotique sous un angle scientifique en proposant la théorie du magnétisme animal. Pour lui, nous serions entourés d’un fluide qui, à l’aide d’aimants et de passes magnétiques, serait activé. Par cette méthode qualifiée de Magnétisme animal, le sujet entrerait en transe. Aujourd’hui, cette théorie du Magnétisme animal est bien évidemment révolue. Cependant, Mesmer est toujours respecté pour son avant-gardisme. Jusqu’alors, l’hypnose appartenait au domaine du mysticisme. En effet, jusqu’au 18ème siècle, bon nombre de troubles psychosomatiques étaient associés à la possession par un démon. Ainsi, en lien avec les croyances de l’époque, le maniement de l’hypnose appartenait au domaine du religieux ou du païen. Ainsi, des sorciers jetaient des sorts et pratiquaient la magie ; pendant que des prêtres quant-à-eux, pratiquaient des exorcismes pour apaiser des crises dont les causes semblaient irrationnelles.
Les travaux de Mesmer ont eu pour avantage de dresser un pont vers le domaine du rationnel. Ainsi, dans cette période des lumières marquée par l’engouement pour la découverte et l’exploration, la communauté des érudits a développé un intérêt assez prononcé pour l’hypnose. Ainsi, à cette époque, à la fois fascinante qu’effrayante, l’hypnose alimentait les débats et les controverses. À ce titre, à la demande de Louis XVI, l’Abbé Faria (1756-1819) accompagné d’un groupe de scientifiques démontrera que la théorie de Mesmer n’est pas valable. En 1784, l’Abbé Faria part d’un autre postulat en mettant en évidence l’importance de la suggestion dans la transe hypnotique.
Histoire de vie et les grands de l’histoire de l’hypnose
Histoire de vie et histoire des techniques se confondent quand on aborde les grands noms de l’histoire de l’hypnose tels que : Anton Mesmer, James Braid, l’Abbé Faria, Ambroise-Auguste Liébeault, Hippoliyte Bernheim, Jean-Martin Charcot, Sigmund Freud, Léon Chertok ou encore Emile Coué. Chacun des chemins de vie des pionniers a contribué à sa manière à faire évoluer les techniques hypnotiques.
L’histoire de l’Hypnose se décline en plusieurs grandes phases :
– Les fondements avec l’hypnose classique et médicale
– L‘hypnose thérapeutique Ericksonienne outre-atlantique
– L’essor de la nouvelle hypnose en Europe
– Le développement de techniques avancées en hypnose conversationnelle et communication hypnotique
Les discipline de l’hypnose sont multiples avec des applications dans le domaine de la créativité, de la pédagogie, du spectacle, du développement personnel, de l’accompagnement, de la thérapie et du monde médical et paramédical.
Histoire de l’hypnose médicale
L’hypnose classique existe encore aujourd’hui et se pratique notamment dans le cadre de l’hypnose de spectacle. Quand le sujet est réceptif, elle peut être aussi pratiquée pour gagner du temps lors des inductions hypnotiques en thérapie et parfois dans l’accompagnement médical dans le cas de chirurgies.
Sur la forme, l’hypnose classique est très directive. Elle peut même donner l’impression de domination. Les suggestions sont directes. Ses mécanismes principaux sont basés sur un fort degré de suggestibilité du sujet ainsi qu’une grande confiance (souvent imposée) accordée à l’autorité de l’hypnotiseur. En pratique, l’hypnotiseur de spectacle réalise des tests de suggestibilité pour sélectionner les personnes qui seront les plus influençables et les plus réceptives aux suggestions. Ainsi, les personnes qui montent sur scène sont déjà prêtes et conditionnées, totalement prêtes à vivre l’expérience. Ce phénomène est accentué par la notoriété de l’hypnotiseur, par le désir d’être le centre de l’attention, et par différentes techniques telles que le pré-talk ou encore les ancrages… Dans le cadre d’un accompagnement hypnotique thérapeutique, on pourra utiliser les inductions rapides de l’hypnose classique pour gagner du temps en séance quand on constate que le sujet est réceptif à ce type spécifique d’hypnose. Nous avons l’habitude de constater qu’environ 20% des patients sont réceptifs à ce type d’hypnose.
En 1841, James Braid (1795-1860) donne une nouvelle définition de l’hypnose. Ce chirurgien écossais démontre l’importance de la relation patient et thérapeute dans l’approche hypnotique. Il parle d’état de sommeil nerveux qu’il obtient par fixation d’un objet brillant. Plus tard, la technique développée par Braid sera appelée celle de l’induction de l’état hypnotique par fixation. Il utilise l’hypnose principalement pour des anesthésies. L’Hypnose est donc pratiquée à l’hôpital et sur les champs de bataille.
À la fin du 19ème siècle, une bataille rangée opérera pendant de nombreuses années entre deux écoles de pensées ; celle de la Salpêtrière portée par Charcot et celle de Nancy portée par Bernheim. C’est l’Âge d’or de l’hypnose classique. Ces discussions animées entres ces écoles de pensée feront progresser les approches hypnotiques et influenceront également terrain culturel, spirituel et psychanalytique en Europe.
En 1878, le neurologue Jean-Martin Charcot (1825-1893) s’installe dans le « pandemonium de la Salpêtrière » où il pratique l’hypnose pour traiter son sujet de prédilection : l’Hystérie. Étant donné qu’il a accès avec un grand nombre de patients, il créé un véritable laboratoire de l’hypnose. Doté d’un fort charisme, Charcot donnera une forte visibilité à l’hypnose. Pour Charcot, l’inconscient est un automate fortement suggestible. Il écrira notamment un écrit passionnant qui est souvent considéré comme son testament au sein des passionnés d’hypnose. Dans cet ouvrage intitulé « la guérison par la foi », il aborde la religion et la guérison sous l’angle de la suggestion hypnotique.
À cette époque, Ambroise-Auguste Liébault (1823-1904) est un médecin d’influence. Ambroise-Auguste Liébeault parvient fréquemment à guérir ses patients à l’aide de l’état hypnotique. Convaincu de l’importance de l’Hypnose, Ambroise-Auguste Liébeault parvient à transmettre son engouement à son confrère neurologue Hippolyte Bernheim (1866-1891). Bernheim devient le fer de lance de l’école de Nancy. Il qualifiera de psychothérapies, les techniques de soin par la suggestion hypnotique.
Tout est dans la suggestion
Hippolyte Bernheim
En 1891, il écrira « Faire intervenir l’esprit pour guérir le corps, tel est le rôle de la suggestion appliquée à la thérapeutique, tel est le but de la psychothérapeutique ».
À l’instar des courants de la Salpêtrière, Bernheim émet notamment la proposition dérangeante : « Le mieux, à mon avis serait de supprimer complètement le mot d’hypnotisme et de le remplacer par état de suggestion. Les procédés hypnotiques ne se réduisent qu’à démontrer ou à exalter les diverses suggestibilités (…) Il n’y a pas d’hypnotisme (…) Il n’y a que des sujets suggestibles, plus ou moins ». Ainsi, à partir de Bernheim, l’approche de l’accompagnement hypnotique est plus vaste. La compréhension de l’état hypnotique n’est plus seulement basée sur l’autorité et sur le maniement de rituels facilitant l’entrée en transe. L’alliance entre le praticien et le maniement de la suggestion est essentielle pour accompagner en psychothérapie d’orientation hypnotique.
L’école de la Salpêtrière à Paris comptera en ses rangs un étudiant qui révolutionnera le monde de l’accompagnement thérapeutique. En effet, en 1885, le jeune Sigmund Freud (1856-1939) âgé de 29 ans, étudie l’Hypnose pendant 4 mois à la Salpêtrière. Le jeune Freud est fasciné à la fois par le phénomène hypnotique mais aussi par la personnalité charismatique de Charcot. Dans ses lettres à sa future femme Martha Bernays, il écrit notamment « Charcot, qui est l’un des plus grands médecins qui soient et dont la raison confine au génie, est tout simplement en train de démolir mes conceptions et mes desseins. Aucun homme n’a jamais eu autant d’influence sur moi. ». Souvent Freud est décrit comme un personnage sérieux et austère, pourtant en 1888, l’une de correspondances avec Wilhelm Fliess, laisse esquisser les traits d’un personnage plus humain qui pratique l’hypnose et s’en amuse : « J’ai en ce moment, allongé devant moi, une dame sous hypnose et je puis tranquillement continuer à écrire ». Par la suite, Freud étudiera les travaux de Bernheim et de l’École de Nancy, et écrit notamment des commentaires sur l’hypnose avec le neurologue Auguste Forel (1848-1931).
Nous commençons désormais à mieux comprendre la « magie » des mots. En effet, les mots sont les vecteurs les plus importants de l’influence qu’une personne cherche à exercer sur une autre ; les mots sont de bons moyens de susciter des modifications psychiques chez celui à qui ils sont adressés, et il n’y a donc plus rien de mystérieux à affirmer que la magie des mots peut supprimer des manifestations morbides, en particulier celles qui trouvent leur origine dans des états psychiques
Sigmund Freud 1890
Progressivement, sous l’influence du médecin Joseph Breuer (1842-1925), il utilise l’hypnose pour traiter la patiente hystérique Anna O. Il développe le concept d’abréaction, c’est-à-dire la libération émotionnelle par la parole d’un évènement jusqu’alors refoulé. Par le biais de ce traitement, Freud donne naissance à la cure par la parole. Après cette découverte, malgré l’enthousiasme de ses débuts pour l’hypnose, Freud abandonne l’hypnose en 1893 pour créer le courant psychanalytique qu’on lui connaît.
Tout comme les douleurs sont engendrées ou amplifiées par l’attention qu’on leur porte, elles disparaissent si on la détourne d’elles
Sigmund Freud 1890
L’analgésie et l’anesthésie peuvent être réalisées en hypnose. Aussi, dans ces contextes, aujourd’hui, l’hypnose est utilisée au bloc opératoire dans le cas de chirurgie.
Histoire de l’hypnose thérapeutique
Au 20ème siècle, les grands débats d’idées concernent maintenant l’approche analytique. L’attention est orientée vers le combat d’idées de deux grands hommes, ceux de Freud et de son ancien élève Carl Gustav Jung. Ces deux pionniers, explorateurs de l’inconscient poseront les fondements des mécanismes d’un inconscient, à la fois individuel et collectif.
Dans la 2ème moitié du 20ème siècle, l’hypnose prend son envol aux États-Unis. Grâce aux apports incroyables de Milton Hyland Erickson (1901-1981), psychiatre américain, l’hypnose évolue d’une approche classique directive et autoritaire limitée vers une utilisation thérapeutique, stratégique, permissive et utilisationnelle.
Milton Hyland Erickson était aussi appelé le « wizard » ou le guérisseur blessé. Son œuvre bouleverse les codes de la psychothérapie. Il fait évoluer de manière drastique l’approche de l’hypnose qui devient un art permettant de communiquer avec l’inconscient de manière stratégique. À l’opposé des courants classiques analytiques, il est le premier à percevoir l’inconscient comme un réservoir de savoirs, un allié et un protecteur.
Je leur raconte des histoires. Puis, ils partent et ils changent…
Milton Erickson
Au-delà de sa contribution à l’hypnose, sa pratique est aussi le reflet d’une résilience face à l’adversité. En effet, touché par plusieurs handicaps tels que le daltonisme, l’absence de la perception des rythmes, dyslexie et par une poliomyélite, Erickson doit développer son potentiel de ressource. Il s’applique à lui-même de manière expérimentale toutes les techniques de l’hypnose. Erickson est un pragmatique, joueur, expérimentateur.
Histoire de l’hypnose : un dialogue entre les États-Unis et la France
Dans les années 60, de par la mouvance psychanalytique dominante en Europe, les contributions sur la thématique de l’hypnose sont moins reconnues que celle des Ericksoniens. Cependant, en France, les travaux de Léon Chertok, psychiatre français, méritent d’être mis en valeur. En effet, Chertok a beaucoup valorisé l’hypnose pour le traitement des symptômes psychosomatiques.
« Hypnotiser quelqu’un, c’est exercer sur lui un pouvoir, un ascendant qui le suggestionne. Mais, la force de l’hypnotiseur a besoin de la faiblesse de l’hypnotisé, de sa complicité inconsciente. De telle sorte que la transe peut être obtenue par des techniques qui recherchent soit à augmenter la suggestion, soit à augmenter la suggestibilité. Bien sûr si l’hypnotiseur était tout et l’hypnotisé n’était rien ; il s’agissait d’une « dévoration » comme celle du crapaud hypnotisé par le serpent hypnotiseur, une telle absorption de l’un par l’autre serait absolument monstrueuse. Mais, il n’en est pas ainsi, l’hypnotiseur n’a de pouvoir que celui, qu’inconsciemment lui consent l’hypnotiser. » Henri Ey en extrait de la préface de Hypnose de Léon Chertok (en référence à l’Hypnose classique).
Dans les années 1970, aux États-Unis, en s’inspirant des méthodes thérapeutiques de Milton Erickson, Virginia Satir et Fritz Perls, Richard Bandler et John Grinder fondent l’approche de la programmation neurolinguistique PNL. La PNL évoluera énormément avec les apports de Robert Dilts. Cette méthode permet de mieux communiquer et de convaincre. Son avantage réside notamment dans sa pédagogie. En effet, enseignée de manière progressive et opérationnelle, elle permet à un étudiant de manier les fondamentaux de la communication pour améliorer son assertivité ou sa capacité d’influence dans la communication. La PNL est aujourd’hui très connue dans le monde de l’entreprise et aussi en coaching. De par cet essor, il existe encore des confusions entre la PNL et l’Hypnose qui, pour le novice, paraissent être deux mondes très différents. Hors, la filiation est forte entre l’hypnose et sa fille la PNL. Aussi, lorsque nous réalisons les soirées portes ouvertes de notre école d’hypnose, nous constatons souvent que des candidats hésite entre s’inscrire à une formation en PNL ou à une formation en Hypnose. Aussi, nous leur rappelons que l’hypnose est la mère de la PNL. Cela signifie qu’en apprenant l’hypnose, dans leurs parcours de formation, nos étudiants apprennent nécessairement les fondamentaux enseignés par la PNL. Inscrits en formation en hypnose, nos étudiants comprennent alors que l’Hypnose permet d’aller bien plus loin que la PNL. Progressivement, nous enseignons comment basculer, avec éthique, de l’assertivité à l’influence de l’inconscient.
En 1979, Daniel Aaroz étend le champ de l’hypnose Ericksonienne orientée alors principalement sur des problématiques physiques ou psychologiques à une approche plus vaste pour l’amélioration de la qualité de vie et le développement personnel. Il intitule ce mouvement « la nouvelle Hypnose ». Les courants de nouvelle hypnose sont alors principalement portés par Jean Godin, Alain Cayrol, Jacques Antoine Malarewicz. Certaines passerelles deviennent alors possibles avec le monde du coaching.
L’hypnose humaniste fut créée par Olivier Lockert. Elle fait partie des courants d’hypnose orientés vers le développement personnel. En opposition avec les processus d’hypnose dissociatives, l’Hypnose Humaniste est associative. Elle travaille en ouverture de conscience. Le sujet est en quelque sorte « plus conscient ». Le praticien ressemble à un guide dans un voyage intérieur réalisé en ouverture de conscience. En Hypnose humaniste, le travail s’effectue à partir des symboles évoqués par le client durant la transe. En modifiant les symboles et les métaphores du client, l’inconscient change en profondeur, souvent même au-delà des symptômes et des blocages eux-mêmes. Les objectifs sont rapidement atteints et la guérison est profonde. Par exemple, cette hypnose se révèle très efficace pour travailler les blessures de l’enfant intérieur. En revanche, elle peut décevoir un patient qui espérerait une hypnose dissociative. Ainsi, en amont de l’hypnose, il est essentiel d’expliquer les différences entre les types hypnose pour optimiser l’expérience du patient.
Épaulé par Watzlawick, de son côté, Giorgio Nardone créé l’approche stratégique qui peut être pratiquée également sans transe. Progressivement, dans les cercles de praticiens, nous assistons à la naissance de l’Hypnose conversationnelle. Il s‘agit d’une hypnose épurée et maniant des techniques de pointes. Cette hypnose est subtile. Elle peut être pratiquée quel que soit le contexte de communication. Il n’est pas obligatoire de créer un état hypnotique. La puissance réside dans le fait de manier avec dextérité les techniques hypnotiques et les suggestions. En thérapie, l’hypnose conversationnelle permet de faire des miracles. Elle permet de traiter très facilement les résistances et de gagner en impact.
L’hypnose conversationnelle est donc une hypnose subtile, subliminale, impalpable. Elle agit en dessous du seuil de conscience. Aussi, cette hypnose facilite l’intégration de messages qui atteignent le sujet sans qu’il en soit conscient et qui l’influence dans la formation de nouvelles perceptions, de nouveaux jugements et de nouvelles décisions.
L’hypnose conversationnelle résulte de la maîtrise de tous les facteurs de la communication. Nous pouvons la définir comme l’art de la suggestion. Nous devons à Milton Erickson l’art de manipuler les tournures linguistiques. Ainsi, l’hypnose conversationnelle est l’héritière de Milton Erickson. Alliant assertivité et influence, elle repousse encore un peu plus les limites d’application de l’hypnose. Il s’agit d’une hypnose qui peut être réalisée sans transe, ou avec une transe informelle. Le praticien mobilise l’inconscient du patient tout en discutant « en apparence » normalement avec lui. Souvent, nous parlons également de communication hypnotique ou d’hypnose indirecte. L’hypnose conversationnelle est un art du maniement de la suggestion. Ces suggestions peuvent être verbales, para verbales ou non verbales. L’hypnose conversationnelle peut être utilisée par des coachs, des thérapeutes, des accompagnants, des pédagogues, les spécialistes de la relation d’aide, les travailleurs sociaux, les éducateurs, des professionnels de santé, tels que les médecins, les infirmières, les aides-soignantes ; mais aussi les communicants, les experts en marketing, en relations publiques et par les politiques (qui bien souvent le font déjà…). Les applications de l’hypnose conversationnelle sont infinies. Les seules limites de ses applications sont votre créativité, votre éthique, votre intention de cœur.
Hypnose et histoires pour dormir
L’auto-hypnose est une technique que l’on applique sur soi. Elle peut permettre notamment de mieux dormir. En thérapie, l’usage des histoires hypnotiques et des métaphores peut notamment faciliter l’endormissement pour les enfants. Un grand nombre d’ouvrages existent pour les enfants. Si vous êtes un adulte, vous pouvez aussi télécharger nos MP3 d’hypnose non seulement pour mieux dormir, mais aussi pour traiter des problématiques que rencontrent souvent nos patients. L’auto-hypnose permet de se plonger de manière autonome dans un état d’hypnose afin de poser soi-même des suggestions à son inconscient. Elle nécessite simplement un apprentissage pour comprendre comment se plonger en état d’hypnose en tout sécurité et dans la manière de parler à son inconscient. Lorsque le terrain psychologique est sain, cette méthode est très adaptée pour le développement de nouvelles capacités. Par exemple, en fin de stage, les étudiants évoquent souvent qu’ils ont atteints de très bons résultats dans le développement de la confiance en soi, la gestion du stress, la prise de parole en public, le développement de l’intuition, la gestion de douleurs chroniques ou encore le traitement des insomnies. L’auto-hypnose a cependant des limites car c’est notre conscient (avec ses limites) qui provoque l’expérience. Avec un thérapeute, dans la relation hypnotique, on change les perceptions en profondeur.