Gérer le traumatisme et le stress post-traumatique
Un traumatisme peut être physique ou psychique. Le traumatisme renvoie à la subjectivité de la personne. Ainsi, la perception du traumatisme n’est pas forcément en lien avec l’intensité de l’événement. Il fait appel à nos ressources archaïques au niveau du cerveau reptilien. Il s’agit de survivre. Voici les séquences au cœur de la réaction traumatique :
1. Hyper activation : le corps rassemble ses ressources pour se préparer à faire face à une menace. Exemple : augmentation de la fréquence cardiaque, rythme respiratoire, agitation musculaire, tension, impatience…
2. Constriction du corps et des perceptions : le système nerveux se concentre sur la menace. Les vaisseaux sanguins se contractent pour préparer l’action : attaque / défense. La personne est hyper vigilante. La masse sanguine est disponible dans les muscles tendus. Le corps est prêt à passer à l’action. Exemples : respiration modifiée, tonicité musculaire et attitude physique tendue.
3. Dissociation : la dissociation nous préserve psychiquement de la peur de la mort. Le sentiment de soi disparaît. Les sensations disparaissent. La dissociation s’accompagne d’une distorsion du temps et de l’espace. Plus que de retrouver les sensations pénibles, dans le cas du traitement du traumatisme, il s’agira de permettre au patient de conscientiser cette dissociation.
4. Sentiment d’impuissance lié à l’immobilisation / figement : Ce sentiment apparaît quand une menace est impossible à contrer. La décharge énergétique n’ayant pas eu lieu, le psychisme freine et fige. Le corps est littéralement figé.
La perception d’un traumatisme varie selon les cultures. Mircéa Eliade, anthropologue a étudié les principes des guérisons tribales. Dans son ouvrage « Chamanisme : les techniques archaïques de l’extase », il explique pour les cultures chamaniques, que le traumatisme est un « rapt de l’âme ». Une partie du patient a été perdue. Pour eux, la perte de ces parties de l’âme est la cause de la maladie et de la souffrance du patient. Ainsi, pour eux, il s’agit de retrouver ces parties de l’âme pour les réintégrer de manière saine dans la psyché du patient. C’est ce que l’on appelle à guérison.
Frantz Ruppert montre que le soi se réorganise en 3 parties suite à un trauma, avec un soi sain, un soi traumatisé et un soi survivant. Pour lui, il s’agit donc de renégocier le lien entre ces parties. Il s’agit de les réintégrer dans le soi de manière complète, saine et fonctionnelle.
Voici des exemples de traumatismes : le traumatisme de naissance, la perte d’un être cher ou structurant, une maladie grave, un accident, une opération chirurgicale, un abus sexuel, une situation de guerre ou de conflit, être témoin de violences, une catastrophe naturelle, un traitement médical, une immobilisation en hôpital, la perte d’un membre ou d’une capacité physique…
La capacité à réagir face au traumatisme dépend de plusieurs facteurs :
- L’événement : Quelle est la menace ? Quelle est la durée ? Quelle est sa fréquence ?
- L’environnement : Puis-je en parler ? Suis-je soutenu ?
- Les caractéristiques physiques : Quel est l‘état de santé physique de la personne ? Quel est son âge ?
- Les compétences et aptitudes : Quelles sont les compétences de la personne ? Quelles sont ses capacités pour gérer l’événement ?
- Les croyances : Qu’est ce qui est possible ? Qu’est-ce qu’une réussite ou un échec ?
Boris cyrulnik, neuropsychiatre définit la résilience comme étant « l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité. » Cette aptitude dépend de caractéristiques physiques, affectives, sociales et psychologiques. Le travail thérapeutique permet de développer la capacité de résilience.
Quels sont les symptômes du traumatisme ?
Quand les quatre phases du traumatisme ont été vécues, elles aboutissent généralement au stress post traumatique. Des caractéristiques mentales et psychologiques apparaissent, se déploient et s’installent dans la vie de la personne dans les semaines suivantes.
Les symptômes traumatiques s’organisent souvent autour de phases d’activation et de constriction.
Selon Peter Levine, plusieurs symptômes peuvent être révélateurs d’un traumatisme. En effet, la manifestation du traumatisme peut s’exprimer sous différentes formes ; par exemples :
- une anesthésie
- l’hyper activation
- la constriction
- la dissociation
- l’hyper vigilance
- les flashbacks
- la sensibilité accrue à la lumière ou aux sons
- l’émotivité et sensibilité excessive
- des réactions disproportionnées ou sursauts
- des cauchemars et terreurs nocturnes
- l’instabilité de l’humeur
- l’inaptitude à gérer le stress quotidien
- les insomnies ou mauvaise qualité du sommeil
- les attaques de panique ou phobies
- l’hyper activité
- les comportements d’évitement
- la mise en danger et la prises de risques
- l’amnésie et trous de mémoires
- l’incapacité à aimer ou se lier à l’autre
- la peur irrationnelle de mourir
- le renfermement sur soi ou timidité excessive
- certaines maladies psychosomatiques
- la fatigue récurrente
- les problèmes immunitaires
- une sexualité diminuée ou excessive
- un sentiment d’impuissance et de passivité
- la dépression
- un sentiment de danger perpétuel
En thérapie, avant de travailler sur un trauma, il est essentiel de créer une alliance thérapeutique de qualité. Cela passe par la capacité à créer un espace de sécurité physique et psychique pour le patient. Cela passe aussi par la capacité à accueillir et soutenir inconditionnellement.
Aller vers le traitement du traumatisme engage dans des mécanismes de défense (ou de sécurité). Le patient s’est enfermé dans un mode de fonctionnement pour survivre. Il s’agit de respecter son temps et ses rythmes.
Avant d’accéder au traumatisme, il est possible de travailler au préalable en conscience sur une sensibilisation aux 4 différentes phases du trauma. Le principe du traitement du trauma est de renégocier les perceptions traumatiques.
Plusieurs techniques sont très bien adaptées au traitement des traumatismes : L’EMDR, TIPI, EFT, la kinésiologie, Somatic experience et l’hypnothérapie. En hypnothérapie, le travail se fera souvent en régression.
Ces techniques travaillent avec l’inconscient de la personne. Certaines font directement appel au corps pour accéder aux informations traumatiques. C’est le cas de la kinésiologie qui utilise le test musculaire comme indicateur du stress.
Dans ces techniques, l’objectif est de mobiliser le cerveau limbique et le cerveau reptilien pour transformer des perceptions, libérer des émotions, et re-signifier le trauma. Dans l’accompagnement thérapeutique, une phase d’intégration est fondamentale pour donner du sens et créer un pont vers l’avenir. C’est ainsi que le patient reprend son autonomie et développe ses capacités de résilience.
Peut-on se fier aux souvenirs sous hypnose (violence, maltraitance, abus sexuel, viol…) ?
L’inconscient possède plusieurs caractéristiques spécifiques. Il est notamment siège de notre mémoire. Aussi, durant l’expérience hypnotique, par le biais de différentes techniques d’hypnose, il est possible de raviver des souvenirs oubliés ou encore de révéler des informations relayées à l’inconscient. Il s’agit cependant de faire attention au « False syndrom memory » ou fausse mémoire : en effet, l’inconscient peut être créatif. Soit il a déjà vu, entendu, senti et ainsi perçu réellement un événement… Soit il construit, invente, et fantasme. Il est important de se rappeler ce phénomène dans un contexte de régression hypnotique notamment. L’hypnose ne permet pas d’avoir de certitudes quant à la véracité d’un évènement. Ainsi, l’hypnose ne peut pas être utilisée comme indicateur de preuve à un niveau judiciaire. Cependant, à un niveau thérapeutique que si la nouvelle réalité perçue favorise le mieux-être et l’écologie de la personne, une information tronquée ou modifiée sera pertinente même si elle est inventée par le sujet. Elle comblera par exemple un manque ou favorisera une compréhension plus profonde, riche de sens.
La subjectivité de l’expérience hypnotique alliée à des émotions réparatrices permet de donner du sens, guérir des blessures intérieures et s’apaiser.
Le thérapeute prend beaucoup de soin dans l’accueil des blessures du patient mais aussi dans la subjectivité de l’expérience qu’il a vécu en hypnose. L’intérêt de l’hypnose conversationnelle est qu’il est possible de recadrer une expérience hypnotique difficile en utilisant des suggestions dans la conversation post-séance d’hypnothérapie. Ainsi, le patient finit sa séance en intégrant seulement le positif et en mobilisant de nouvelles ressources.
Dans le cas de traumatismes importants, l’hypnothérapeute pourra se faire aider par d’autres professionnels de santé. Pour cela, pour le thérapeute, il est essentiel d’avoir conscience de ses propres limites et de celles des techniques qu’il utilise. Durant la formation de bases de psychopathologie, nous recommandons à nos étudiants de bénéficier de l’appui d’un groupe de pairs, d’un superviseur et d’un réseau de professionnel de santé pour bénéficier au mieux les patients.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’hypnose et notamment la régression hypnotique, alors, nous vous invitons à visualiser la vidéo « hypnose : vrai ou faux ». Vous pourrez mieux comprendre les principes de l’hypnose et notamment l’hypnose régressive.
Retrouver la mémoire de l’enfance en hypnothérapie ericksonienne
Souvent des patients nous contacte car ils ont peu de souvenirs de leur enfance. Avec l’âge, il est normal d’oublier des informations du passé. Notre cerveau a tendance à stocker plus facilement les informations ayant une charge émotionnelle et affective forte. Parfois, le manque de souvenirs peut être naturel. D’autres fois, il peut masquer un refoulement dans l’inconscient. Cela signifie que des mécanismes de défenses empêchent l’accès à ces contenus pour protéger le conscient. Aussi, oui, il est possible de retrouver des éléments de l’enfance à partir de différents éléments d’ancrage associés au VAKOG. Cependant, il s’agit toujours d’interroger le patient sur l’enjeu de sa requête. Pourquoi est-il important de retrouver les souvenirs de l’enfance ? Alors, la demande peut être parfois abordée sous un angle différent, en développant par exemple de nouvelles manières de penser et d’agir dans le présent, pour atteindre les objectifs fixés. L’anamnèse, qui est la première séance d’un accompagnement thérapeutique est essentielle. Elle permet de comprendre la demande du patient pour développer une orientation thérapeutique facilitant l’émergence de nouveaux modes de pensées, de nouvelles capacités et de nouveaux comportements, plus efficaces pour atteindre les objectifs fixés.
Hypnose régressive, rétrograde ou de régression en âge
L’hypnose régressive consiste à accompagner le patient dans une remontée vers des temps passés en état hypnotique. Les applications de l’hypnose régressive sont multiples. La régression d’âge en hypnose est notamment utilisée quand il est difficile d’identifier un cause d’un symptôme. Ainsi, l’hypnothérapeute réalise un processus de régression. Pour débuter, il pose un ancrage hypnotique qui permettra de remonter le temps jusqu’à une situation d’origine. Cette situation pourra amener une perception différente ou une libération d’un émotionnel bloqué. Ainsi, le patient pourra donner du sens et mieux accepter sa singularité ou se libérer du symptôme.
La régression est particulièrement adaptée dans le cas de la gestion de traumatisme. Il peut s’agir d’un trauma ponctuel ou d’une situation répétée dont la charge émotionnelle est devenue si forte, qu’elle est équivalente à un trauma.
Pour être reçu en thérapie, nous vous invitons à prendre contact avec l’un de nos hypnothérapeutes.