Bonjour, Je m’appelle Bertrand Beauregard. Je dirige l’IICH, Institut International de Coaching Humaniste. Nous sommes basés à Lyon. Je suis Master Coach certifié MCC et ACTC par ICF, ainsi que Mentor Coach et Superviseur en Coaching. Aujourd’hui, on va parler processus parallèles en coaching.
Qu’est-ce qu’un processus parallèle ?
Un Processus parallèle (ou isomorphisme) est miroir de deux espaces relationnels concomitants ou contingents où des comportements interpersonnels observables ont un impact à la fois affectif et cognitif sur l’interlocuteur. La première personne qui a défini le concept de processus parallèle, c’est Harold Searles. C’était un psychanalyste américain qui a fortement contribué à l’étude du compte transfert en psychothérapie. Et pour cela, il s’est inspiré lui-même des travaux du psychanalyste américain Aristax Sullivan, qui a fondé ses travaux sur les relations interpersonnelles dans la psychiatrie. Et Searles fut l’un des premiers à observer et à définir ce concept appelé processus parallèle. Pour lui, il parle de processus reflet. En systémie, on parle aussi d’isomorphisme. Il le qualifie ainsi « Le processus qui est à l’œuvre dans la relation entre le patient et le thérapeute se reflète souvent dans la relation entre le thérapeute et son superviseur ». Le processus parallèle se réfère donc à la similitude qui existe entre la relation entre le client et son accompagnant, coach ou thérapeute, et celle entre l’accompagnant et son superviseur. Concrètement, ce qui se produit dans la relation d’accompagnement avec le client se reproduit dans la relation avec son superviseur. Ainsi, le processus parallèle peut s’exprimer par le fait que le client apporte dans la relation de coaching la même problématique qu’il vient travaillant en coaching.
Exemples de processus parallèles en coaching
Par exemple, le coaché souhaite travailler sur sa problématique avec l’autorité et fait preuve de beaucoup de résistance ou de défiance à l’égard du coach. C’est un processus parallèle. Un autre exemple de processus parallèle, c’est que le coaché peut se révéler parfois confus dans la relation de coaching. Le coach ressent cette confusion et apporte cette même confusion dans l’espace de supervision. Ou encore, un commanditaire fait appel à un coach, puisque la coachée se révèle épuisée, et il mentionne que la coachée se comporte comme une bonne élève. Dans l’espace de coaching, le coach s’aperçoit que la coachée a elle aussi tendance à se soumettre à la posture d’autorité du coach et de même dans l’espace de supervision, le supervisé fait de même en questionnant le superviseur en lui demandant beaucoup d’apports d’un point de vue didactique. C’est un processus parallèle.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les processus parallèles et les isomorphismes, je vous recommande la lecture du chapitre de mon livre sur l’hypnose conversationnelle et la communication hypnotique.
Quelles sont les origines des processus parallèles?
Dans un processus parallèle, de manière inconsciente, l’un des intervenants, l’un des acteurs de ce processus va apporter de manière inconsciente toutes les difficultés qu’il rencontre pour exprimer, pour articuler les enjeux d’une thématique plus profonde. Ce qui est fascinant dans les processus parallèles, c’est que l’on peut les observer ou les analyser à partir de différents éclairages issus bien sûr du cadre de la clinique, du cadre systémique, mais aussi cognitif comportemental et maïeutique. Pour aller plus loin, je vous invite à vous référer à nos vidéos ou à nos podcasts en lien avec les quatre cas de référence du coaching. Deux concepts issus du cadre clinique en coaching permettent d’expliquer les origines des processus parallèles. Tout d’abord, l’identification projective développée par Mélanie Klein est à l’origine des processus parallèles et signifie que l’accompagné, le coaché ou le patient va tout d’abord identifier chez son accompagnant une partie sur laquelle s’appuyer de manière inconsciente pour y projeter des contenus refoulés. De même, le transfert (et le contre-transfert), concept développé par Freud, signifie qu’il y a un ensemble d’affects réactivés dans une relation d’accompagnement en lien avec une figure de l’enfance. Ainsi, les scènes d’origine, les désirs, les fantasmes vont être rejoués de manière inconsciente. Ici, dans un processus parallèle, l’accompagner exprime de manière inconsciente par l’ensemble de ses comportements, par ses comportements non-verbaux, corporels, son énergie, et dans sa manière d’interagir et d’occuper l’espace psychique, une difficulté pour articuler ce qu’il éprouve et verbaliser les enjeux plus profonds. En quelque sorte, il transmet son anxiété à l’accompagnant.
Au-delà de l’exploration de ces concepts cliniques, il existe trois grandes origines au processus parallèle.
- Tout d’abord, l’anxiété, qui pourrait être un déclencheur de défense, c’est-à-dire de comportements ayant des impacts dans la relation interpersonnelle, et qui déploierait le processus parallèle lui-même. C’est notamment le cas pour Harold Sears et pour Thomas Aura, qui décrivent ce processus inconscient et qui résulterait de l’incapacité pour l’accompagnant à soutenir ses contendus anxiogènes dans la connexion empathique avec le client.
- La dualité du fonctionnement de l’ego, c’est à la fois la capacité à identifier et observer ce qui se passe dans la relation. Ainsi, ce serait le processus responsable du processus parallèle lui-même dans cette transmission de reflets systémiques des défenses du client dans l’espace de supervision. C’est le cas notamment de cette explication du psychanalyste américain Jacob Harlow. Et quelque part, pour l’expérience de l’accompagnement, la difficulté à basculer de l’identification à l’observation sera l’origine de ce partage inconscient des réactions du client vers le superviseur.
- Il existe aussi une autre théorie qui est la résistance au changement et qui a été exprimée par Rudolf Eckstein et Robert Wallerstein et qui signifie que de manière intrinsèque, cette résistance au changement est propre à l’accompagnant. Propre au processus d’accompagnement, elle serait responsable notamment des échos systémiques. Ainsi, l’inconfort et l’anxiété liés aux difficultés d’apprentissage impacteraient les différents espaces d’accompagnement en provoquant des reflets systémiques. C’est cela le processus parallèle.
Nous comprenons que le processus parallèle est une invitation à comprendre un enjeu relationnel plus profond qui se reproduit dans les relations interpersonnelles au sein de différents systèmes. Lorsqu’un processus parallèle est détecté, il invite à un questionnement, à une exploration, notamment en lien avec le cadre, l’alliance, les relations d’attachement, les angoisses existentielles, les désirs, les fantasmes, les répétitions névrotiques, le problème d’apprentissage ou encore une volonté de changement plus profond, au niveau du sens de l’existence.
Quels sont les types de processus parallèles?
Il existe trois types de processus parallèles qui dépendent essentiellement de l’orientation du processus.
- Tout d’abord, le processus parallèle de type 1, c’est lorsque le client et l’accompagnant vivent la même émotion ou le même phénomène. Par exemple, le client sent de la confusion, l’éprouve, et l’accompagnant sent cette même confusion. Ce que va faire l’accompagnant pour résoudre cette situation, c’est tout d’abord de prendre du recul, d’observer et d’inviter son client à résoudre cette problématique. Et comme un effet miroir, la confusion va s’apaiser et la situation va se clarifier. En coaching, typiquement, ce sera par des questionnements de clarification.
- Ensuite, le processus parallèle de type 2 possède une orientation du client vers le coach puis vers le superviseur. Dans chacun des espaces, on observe le même comportement. Pour sortir de cette dynamique, c’est principalement le feedback qui va permettre d’éclairer le processus parallèle, d’en prendre conscience et de le résoudre. Selon le niveau de maturité du client ou du supervisé, selon la qualité de l’alliance, afin de baisser le niveau de résistance l’accompagnant va pouvoir proposer des hypothèses, généralement le superviseur, des questionnements d’exploration.
- Enfin, le processus parallèle de type 3 qui émane du superviseur vers le coach, puis vers le client. Ainsi, pour sortir de cette dynamique, il est essentiel pour le superviseur de prendre conscience de ce qu’il apporte dans l’espace relationnel et d’adopter des comportements modélisants pour impacter à la fois le coach puis dans un second temps le client.
Comment résoudre un processus parallèle en coaching ou en supervision?
Dénouer un processus parallèle n’est pas toujours évident. Il s’agit tout d’abord pour l’accompagnant, à savoir le superviseur ou le coach, d’avoir réalisé un travail sur soi en profondeur, d’être capable à la fois d’éprouver, de prendre conscience de ce qui se passe dans la relation d’écouter le somatique, ses émotions, ses sensations, de pouvoir analyser, de prendre du recul sans jugement, de collecter des informations, d’analyser, de faire preuve d’intuition, et puis de savoir communiquer avec à la fois curiosité, non-jugement, et en choisissant le typologie d’intervention la plus adaptée en fonction de la maturité, de son client et de la qualité de l’alliance. Ainsi, Cela peut être par exemple le feedback, le partage d’hypothèses, le questionnement ou encore la modélisation. Dans tous les cas, il est important de valider le consentement pour partager des ressentis, pour partager des hypothèses et d’inviter toujours le client, le supervisé à répondre.
Enfin, l’exploration à froid en prenant du recul dans la relation d’accompagnement, permet de résoudre de manière systémique les enjeux sous-jacents au processus parallèle. En effet, il existe plusieurs mécanismes facilitant l’émergence d’un processus parallèle. Tout d’abord, l’existence d’un cadre dissymétrique, ou en tout cas perçu comme dissymétrique, que ce soit en coaching ou en supervision, avec la posture du coach et la posture du superviseur, et ce que le client ou le supervisé y projette, le manque de travail sur soi que peut ressentir l’accompagnant en amenant lui-même ses propres dynamiques et en répétant ses schémas, le manque d’expérience en étant plus vulnérable au contre-transfert et à l’identification projective, et puis aussi le début d’une relation, que ce soit en coaching ou en supervision, marquée par la dépendance, la fusion ou ce que l’on appelle en Gestalt la confluence.
Vous l’aurez compris, l’espace de supervision est important pour tout accompagnant. Il permet de bénéficier d’un espace sécure pour prendre du recul sur sa pratique professionnelle tout en bénéficiant de conseils avisés pour résoudre ses difficultés.
Aller plus loin en supervision
Vous l’aurez compris, les processus parallèles sont un sujet à la fois fascinant et complexe et pour cela, si vous êtes intéressé, si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à participer à l’une de mes masterclass qui allient à la fois théorie et pratique avec du mentorat, des supports didactiques et de la supervision ou de vous inscrire dans un processus de supervision individuelle et collective avec une approche à la fois didactique en vous transmettant différents contenus théoriques, différentes approches pour affiner votre geste professionnel et puis l’aspect normatif en abordant vos difficultés en lien avec l’éthique et puis soutenante en vous permettant d’explorer vos difficultés et vos vulnérabilités. Si mon approche du coaching et de la supervision vous interpelle, prenons un temps d’échange afin de mieux comprendre vos envies, vos besoins, vos enjeux et trouvons ensemble la meilleure forme d’accompagnement. A très bientôt !