Le silence, c’est les vacances

Récemment, en séance de supervision d’une coach, nous avons abordé la thématique du silence.
À la manière dont les silences et les notes forment l’harmonie, le silence est un levier essentiel dans la communication orale et dans l’accompagnement.
Bien souvent, dans notre culture, le silence est inconfortable. Ainsi, rapidement gêné, l’un des interlocuteurs comblera le silence. Pourtant, lorsque l’on se permet de le vivre, le silence peut se révéler un espace immensément riche. Voyons ensemble pourquoi !

Le silence

Dans les traditions contemplatives tibétaines, Chiné ou Shamata est le calme mental. Dans cette pratique méditative, il s’agit de développer sa capacité d’attention, notamment au niveau du souffle. En ayant développé cette capacité de concentration et de présence, il est possible d’observer le flux de nos pensées sans attachement. L’esprit est apaisé.

Méditation

De la même manière, quand nous avons l’opportunité d’expérimenter le silence, nous avons accès à un grand nombre d’informations. Nous avons alors l’opportunité d’observer avec authenticité :

Parfois, les informations que révèle un silence sont bien plus riches que les mots eux-même. Aussi, dans le contexte spécifique de l’accompagnement (en coaching ou en thérapie), le silence est un allié précieux. Il nous renseigne sur notre capacité à être présent à l’autre, sans projection, ni attente. Ainsi, quand un coach a du mal à soutenir un silence, cela renvoie bien souvent à son monde intérieur : ses attentes, celles supposées de l’autre, la responsabilité qu’il se donne, son niveau d’exigence…

La capacité à soutenir le silence renvoie à la confiance en soi, en la vie, au processus, à la présence, à la capacité à accueillir vraiment ce qui se présente en séance. Bien souvent, j’observe dans ma pratique que cette capacité insuffle de la confiance au coaché. Elle renforce la qualité de l’alliance thérapeutique ou de coaching. Ainsi, à partir de ce qui émerge du silence, il est possible d’investiguer les modes de pensées du coaché, sa relation à l’autre, ses attentes, ses vulnérabilités…

Le silence pour toucher l'âme

Le silence révèle l’intimité.

En coaching, on parle souvent de questionnement puissants. Une question puissante est une question qui facilite un changement de cognition : processus d’attention ou de perception, représentation, mode de pensée, croyance… Elle favorise l’émergence de nouvelles prises de conscience, de nouveaux possibles, de nouveaux comportements. La question est souvent plus importante que la réponse elle-même !

Voici quelques caractéristiques des questions puissantes :

La puissance de la question réside dans l’impact qu’elle a vis-à-vis du client. Elle se mesure souvent par :

Bien souvent, quand je supervise des coachs, j’observe qu’un trait commun est la recherche de la séance impactante, celle qui impacte si fortement le monde intérieur du coaché qu’il transforme sa vie : le moment « Waow ! ». Paradoxalement, en se mettant une certaine pression, ils recherchent la puissance de la question et ont peur du silence, ou d’un raté, ou d’un manque de résultat. Prisonniers de cette dualité, ils s’empêchent bien souvent de vivre pleinement la relation d’accompagnement en étant présent à l’autre.

La puissance du silence

J’adore leur dire, en le pensant vraiment :

Le Silence, c’est les vacances 🏝

De manière pratique, à partir du silence, il est possible de questionner le client sur ses ressentis. Par exemple, le coach pourra dire à son coaché :

Le champ d’investigation est infini. La richesse des informations émanant des réponses est souvent profonde et permet d’accéder à des thématiques de travail facilitant de grands changements.

De plus, le silence permet de ponctuer la communication pour accentuer le message. Ainsi, en saupoudrant, c’est à dire en maniant le paraverbal, il est possible de créer une emphase dans le questionnement. En alliant silence et non verbal, il est possible de gagner en impact dans la communication. Le non verbal (un regard, une mimique, un geste…) peut par exemple accompagner le silence et créer un lien soutenant une émotion.

Voici quelques exemples de formulations de la même question, mais en utilisant le silence et l’intonation. Ainsi, selon l’énonciation de la question, les réponses seront totalement différentes :

Le silence parle quand les mots ne le peuvent pas

Le Silence, c’est les vacances 🏝

Sous ce trait d’humour se cache un véritable enseignement. En effet, chez le coach, le silence révèle un espace de travail. Le silence permet au coach :

Le silence est un cadeau. 🎁

Il touche à l’intimité dans la relation.

Il renseigne sur la qualité de notre relation au monde.

Il renseigne aussi sur la qualité de l’alliance dans l’accompagnement.

Puisse chacun d’entre nous explorer la richesse du Silence ! 🧘 🧘‍♀️

Nota : les images proviennent du site en accès libre wallpaper access. Fournies à titre illustrative, elles peuvent être retirées sur demande.

Aller plus loin sur le thème de Réflexions humanistes