Le métier de superviseur
Comme vous le savez peut-être l’International Coaching Federation est la plus grande fédération de coaching. Son rayonnement mondial en fait une référence en termes de professionnalisme en coaching. La communauté des coachs certifiés par ICF partage des valeurs de collaboration, de professionnalisme, d’équité et d’humanité. Par ailleurs, la communauté partage également un référentiel de compétences et un code de déontologie. Être un coach certifié par ICF est le garant d’un niveau de compétences en coaching. L’ICF est la fédération qui est le plus reconnue pour la professionnalisation. En effet, au-delà de sa connaissance du métier de coach, elle est aussi spécialisée dans la construction (et la maintenance) de processus qui permettent d’identifier facilement le professionnel du coaching avec un niveau ACC (Associate Certified Coach), PCC (Professional Certified Coach), MCC (Master Certified Coach) et ACTC (Advanced Certification in Team Coaching). Ce processus est celui de la certification qui s’appuie sur un référentiel de compétence dédié avec des définitions, des marqueurs objectifs permettant de valider celles-ci ainsi que des niveaux d’évaluation (Bars) selon les niveaux visés. La certification ICF est un atout pour un coach qui facilite la visibilité de son professionnalisme par des tiers. En synthèse, la certification ICF est un gage de confiance car elle valide un niveau de compétence ainsi que le respect d’un code de déontologie.
En octobre 2024, j’ai ressenti beaucoup de joie en recevant un email de ICF Global 😊
J’imagine que vous vous demandez quel en était le contenu, n’est-ce pas ?
Il s’agissait de l’annonce des référentiels de compétences pour le mentor coaching et la supervision. Ce référentiel répond à un besoin de professionnalisation du métier de superviseur et de mentor-coach.
Durant plusieurs années, l’équipe de recherche de l’ICF Global a mené un travail de fond incroyable pour définir les compétences relatives à la supervision et au mentoring.
En effet, jusqu’à maintenant, les référentiels de compétences concernaient exclusivement le coaching. Ce référentiel est composé de 8 compétences qui se déclinent au niveau du coaching individuel et du coaching d’équipe, et qui sont évaluées pour les processus de certification ACC, PCC, MCC et ACTC.
Dans le cadre du processus de certification ou de leur renouvellement, il est demandé de bénéficier d’un minimum d’heures de mentor coaching et/ou de supervision.
Quelles sont les différences entre mentor coaching et supervision ?
- ICF définit le Mentor Coaching comme un processus collaboratif qui – en lien avec un niveau de certification spécifique – améliore la maîtrise du coach en s’appuyant sur les théories de l’apprentissage, des pratiques réflexives et l’intelligence émotionnelle en lien avec les compétences clés de l’ICF, son code de déontologie et ses valeurs. Les mentors coach agissent comme des modèles en valorisant la modélisation des compétences ICF et en cultivant la confiance et l’esprit de partenariat avec leurs clients. Le mentor coaching focalise sur le développement des compétences de coaching plutôt que sur la consolidation de la pratique, l’équilibre de vie et les autres thématiques qui dépasseraient les compétences de coaching
- ICF définit la Supervision en coaching comme une pratique d’apprentissage collaborative permettant de consolider de manière continue les capacités du coach par le biais d’un dialogue réflexif qui bénéficie à la fois le coach et ses clients. La supervision de coaching focalise sur le développement des capacités du coach en offrant une riche et vaste opportunité de soutien et de développement. La supervision en coaching crée un espace de sécurité où le coach peut partager ses réussites et ses échecs afin de maîtriser la manière dont il travaille avec ses clients.
En synthèse, voici quelques points permettant de différencier le mentor coaching et la supervision :
- Le mentor coaching consiste en un feedback pour permettant aux coachs de développer les capacités et leurs compétences. Le coach et le mentor sont des collègues. Cela signifie que tous les deux pratiquent le coaching, cependant, le mentor coach est plus expérimenté que le mentee. Pour mieux comprendre le mentoring, nous avons écrit un article dédié sur le mentor coaching.
- La raison d’être de la supervision est de réfléchir sur le travail que réalise le coach. La supervision est une conversation qui est réalisée dans le cadre d’un contrat entre pairs (qui peuvent être des coachs expérimentés ou ayant des niveaux de compétences différents). Les compétences de supervision sont des compétences différentes de celle du coaching. Le focus de la supervision est sur le coach et sur le client. Dès lors que le client « fait partie de la conversation », alors il s’agit de supervision et non de mentoring.
Jusqu’à maintenant, choisir un mentor coach ou un superviseur, n’était pas un exercice aisé car il n’existait pas de documents officiels permettant d’orienter le regard du coach. On ne s’improvise pas Mentor Coach ou Superviseur. Généralement, pour ma part, quand on me demande les critères de sélection de son mentor-coach ou de superviseur, je partageais ceux que j’utilise.
Un mentor coach est un coach est un coach expérimenté qui possède un niveau de certification égal ou supérieur au niveau de certification visé. Il maîtrise le référentiel des 8 compétences de l’ICF tant au niveau individuel que collectif. Il sait faire preuve de pédagogie pour favoriser la progression du coach dans sa montée en compétence en l’accompagnant dans sa réussite du processus de certification au niveau visé. Ainsi, il s’adapte aux préférences d’apprentissages du coach. Il connait le dispositif de certification et est capable d’épauler ou d’orienter le coach dans ce processus. Il est également formé à la maîtrise des marqueurs de compétences (PCC Marqueurs) et bien souvent – en tant qu’assesseurs – participent aux processus d’évaluations des séances de coaching des coachs engagés dans le processus de certification. Régulièrement, ils s’informent des mises à jour et des bonnes pratiques en assurant de la veille et en participant notamment à des cercles de pratiques ou en visualisant des replays de webinaires proposés par ICF. J’aime dire que le mentor coaching est un sacerdoce car il reste encore assez peu valorisé vis-à-vis du temps qu’il demande au mentor coach pour préparer les séances de mentorat. En effet, pour ma part, lorsque j’accompagne un coach, lors de la soumission d’un enregistrement de séance, je l’écoute 2 à 3 fois, puis je note les preuves et contre-preuves relatives à chaque marqueur de compétence avec des verbatims. Je donne un feedback écris sur les compétences avec des conseils pour progresser. En séance de mentoring, je donne un document de 20 pages qui sert d’appui pour la séance. Les coachs que j’accompagnent qualifient ces séances de master class car elles permettent rapidement de monter en compétence tout en affinant sa posture coach. Généralement, les coachs relisent le rapport personnalisé établi sur le décodage de leur séance en intégrant les conseils et astuces sur-mesure que je leur ai proposé.
Un superviseur est un coach très expérimenté qui est bien souvent reconnu pour son expertise en coaching. Il est souvent référent et engagé dans le rayonnement du métier de coach. Sa compétence de coach est validée à la fois par ses certifications MCC (ou à minima PCC cheminant vers MCC) et ACTC notamment. Il est aussi reconnu pour la pluralité de ses cadres de références. Le superviseur a été formé à la supervision qui est un métier à part entière. Il peut aussi avoir une accréditation via une autre fédération. Il possède une volonté de service de l’apprentissage du coach. Il connait les 3 orientations de la supervision avec l’aspect didactique (en partageant des approches et techniques), normatif (en étant garant de l’éthique) et restauratif (en soutenant et en confrontant la pratique du coach). Il soutient dans ses difficultés et célèbre les réussites avec le coach. Il est souvent pédagogue, inspirant et stimulant.
Puis, étant donné que la confiance est le socle nécessaire pour l’apprentissage, sur un aspect plus subjectif, il est essentiel en tant que coach de se sentir à l’aise dans la relation avec le mentor coach ou le superviseur.
Le référentiel des compétences de supervision ICF
Selon ICF, la supervision en coaching est un processus de collaboration dynamique et réflexif, une guidance et une soutient par le biais duquel les coachs développent leur capacités professionnelles, personnelles et éthique, ainsi que leur maturité.
Maintenant que nous avons vu les critères de choix du mentor coach et du superviseur, découvrons le référentiel des 8 compétences du superviseur ICF.
Ces compétences s’organisent en 4 sections :
- Les fondations
- La structuration du processus
- La réflexivité et l’apprentissage du client
- La supervision de groupe
Il s’agit d’une traduction non officielle réalisée à partir du document transmis par ICF le 07/10/24. Le document de référence est disponible en langue anglaise se trouve sur le site ICF.
A. Les fondations
1. Fournit des conseils sur l’éthique
Définition : Modélise les standards éthiques et encourage le client de la supervision en coaching à faire de même
1. Se conforme aux codes légaux et éthique et aux standards tels que le code de déontologie de l’ICF et à ses valeurs.
2. Maintient et clarifie les distinctions et les similitudes entre le coaching, le mentor coaching, la supervision en coaching, les évaluations de performance en coaching, la thérapie et les autres rôles,
3. Recommande des ressources complémentaires lorsque les besoins du client de la supervision en coaching semblent dépasser le cadre du processus de supervision et les capacités du superviseur
4. Souligne la nécessité de la part des clients de la supervision en coaching, de comprendre les exigences professionnelles et légales ainsi que les orientations spécifiques aux pays, aux contextes et aux systèmes au sein desquels ils pratiquent le coaching
5. Travaille avec le client de la supervision en explorant, gérant et solutionnant les dilemmes éthiques, qui s’ils ne sont pas traités, pourraient devenir des brèches éthiques.
2. S’engage dans la réflexion continue et le soin de soi
Définition : S’engage dans l’apprentissage continue, le développement et le soin de soi en tant que superviseur en incluant notamment le maintien d’une pratique réflexive continue qui améliore sa pratique de la supervision en coaching
1. S’engage dans l’apprentissage continue, le développement et le soin de soi en tant que superviseur en incluant notamment le maintien d’une pratique réflexive continue qui améliore sa pratique de la supervision en coaching
2. S’engage dans le soin personne afin de maintenir son bien être émotionnel, mental et physique en tant que superviseur en coaching
3. Développe et utilise sa compréhension de soi afin d’améliorer le processus de supervision
4. Gère l’impact de ses valeurs personnelles, de ses croyances, de ses biais et de ses perspectives et schémas relationnels interpersonnels sur le processus de supervision
5. Réfléchit sur les limites de ses compétences et de son savoir en tant que superviseur en coaching
6. Explore différents modèles de pratique réflexive, théorie et référentiels de compétences et recherches pour se développer davantage en tant que superviseur en coaching
7. Développe la conscience de l’influence des systèmes, du contexte et de la culture sur soi et sur les autres
8. Recherche les conseils et le soutien de la part d’autres sources lorsque cela se révèle nécessaire pour soutenir la supervision du client, en incluant, mais ne se limitant pas seulement à sa propre supervision
B. La structure du processus
3. Établit et actualise les contrats
Définition : Est en partenariat avec le client de la supervision pour créer les contrats et les réviser quand cela se révèle nécessaire pour soutenir le processus de supervision en coaching
1. Crée un contrat qui décrit les orientations et les paramètres spécifiques de la supervision en coaching avec par exemple, la logistique, les tarifs, la planification, la durée, la clôture et l’inclusion des autres
2. S’assire que l’approche de la supervision répond aux besoins du client de la supervision en coaching et aux autres parties prenantes
3. Établit des limites dans la relation de supervision en incluant notamment les termes et les limites concernant la confidentialité et le signalement des brèches éthiques en lien avec les codes éthiques et les lois.
4. Obtient l’accord du client de la supervision pour définir le but de la supervision, les domaines sur lesquels se concentrer, les résultats souhaités pour le processus de supervision.
5. Adapte les accords écrits ou verbaux quand cela se révèle nécessaire afin d’augmenter l’efficacité et répondre aux besoins évolutifs du client de la supervision et des autres parties prenantes.
4. Gère le processus de supervision
Définition : Gère le processus de supervision en réalisant les adaptations nécessaires pour répondre aux besoins des parties prenants et augmenter l’efficacité
1. Gère la logistique et le focus du processus de supervision en coaching
2. Adapte le processus de supervision en coaching afin de répondre aux besoins du client de la supervision
3. Demande du feedback sur le processus de supervision en incluant ce qui a été utile pour le client de la supervision, et ce qui ne fonctionne pas.
4. Met en place des améliorations du processus de supervision en coaching quand cela est nécessaire.
C. La réflexivité et l’apprentissage du client
5. Crée un environnement favorable
Définition : Crée un environnement qui soutient le client de la supervision en coaching tant d’un point de vue personnel que professionnel
1. Crée un environnement soutenant et inclusif permettant que le client de la supervision en coaching partage de manière ouverte ses expériences professionnels et personnelles la supervision en coaching
2. Gère les dynamiques interpersonnels présents dans la relation de supervision
3. Encourage le client de la supervision de coaching à prendre soin de lui
4. Renforce les ressources et les capacités de croissance du client de la supervision en coaching
5. Reconnaît et fait honneur aux expériences, avancées et réussites du client de la supervision en
6. Propose – si besoin – des conseils et des ressources pour soutenir le client de la supervision en
7. Encourage le client de la supervision en coaching à percevoir ses échecs comme des opportunités d’apprentissage
8. Assiste le client de la supervision dans sa capacité à travailler de manière efficace avec la complexité
6. Favorise la réflexion du client
Définition : Guide le client de la supervision en coaching dans sa réflexion vis-à-vis de lui-même, de son travail, des systèmes et des contextes afin de développer une conscience à la fois professionnelle et personnelle et de nouvelles connaissances.
1. Guide le client de la supervision en coaching dans un processus réflexif qui soutient son développement personnel et professionnel
2. Encourage le client de la supervision en coaching dans une pratique et une réflexion volontaire permettant d’améliorer la qualité de son travail
3. Explore l’impact qu’ont l’identité, les croyances personnelles, les valeurs, la philosophie, les perspectives, les biais et des angles morts du client de la supervision en coaching, sur son travail
4. Guide le client de la supervision pour réfléchir et gérer les facteurs relatifs à la diversité et à la culture comme étant pertinents dans la pratique du coaching
5. Invite la réflexion sur le contexte et l’influence systémique qui pourrait impacter la pratique du client de la supervision en coaching
7. Guide le développement du client
Définition : Soutient le développement personnel et professionnel du client de la supervision en coaching
1. Travaille avec le client de la supervision en coaching pour développer davantage leur capacité et manière d’être
2. Encourage le client de la supervision en coaching à explorer les problématiques qui surviennent dans leur pratique du coaching
3. Suggère des approches, ressources ou des actions permettant d’améliorer la qualité du travail du client de la supervision en coaching
4. Explore la manière dont les valeurs et l’identité du client de la supervision en coaching influence son style de coaching
5. Encourage le client de la supervision en coaching à intégrer l’apprentissage issue de leur réflexion, sur eux-mêmes, sur leur travail, leur contexte et leurs systèmes
6. Soutient le client de la supervision en coaching dans l’évaluation des progrès réalisés dans leur développement au fil des séances
D. La supervision de groupe
8. Gérer une supervision de groupe
Définition : Gère de manière efficace le processus de supervision de groupe.
Note: Cela n’est pertinent que pour les superviseur en coaching qui proposent des services de supervision collective.
1. Créé une expérience d’apprentissage de groupe à la fois réflexive, collaborative et inclusive.
2. Reconnaît la complexité du carrefour des identités, des valeurs, des approches du travail, des contextes et des facteurs systémiques présents dans le processus de supervision collective
3. Régule les dynamiques de groupe qui impactent l’efficacité du processus de supervision de groupe
4. Encourage tous les membres du groupe à participer au processus de supervision
En conclusion, le superviseur est un professionnel expérimenté qui maîtrise ces 8 compétences. Il peut proposer des supervisions individuelles ou collective. L’espace de réflexivité de la supervision permet de prendre du recul en résolvant des situations difficiles issues de la pratique du coaching, de dénouer des dilemmes éthiques, de se sentir à la fois soutenu et confronté dans sa pratique, et aussi de célébrer les victoires. Il s’agit d’un espace précieux pour le développement personnel et professionnel d’un accompagnant.
Envie de débuter un processus de supervision ?
Alors, prenons un temps d’échange autour de vos besoins et de vos envies.